Le mal de mère

J’ai rendez-vous avec ma psy !

On est lundi et le lundi…J’ai rendez-vous avec ma psy !

La psy :  Selem aleykum Dounia, alors ça va faire un bon petit mois qu’on ne s’est pas vu, vous-avez passé de bonne vacance ?

Dounia :  Waleyki selem wa rahmatullah. Oh oui, c’était super il y avait pleins d’enfants. Des enfants partout ! Des bébés, des enfants un plus grands, des adolescents des fratries… et des femmes enceintes aussi, pleins de femmes enceintes dans l’hôtel, dans les rues, au restaurant…

La psy :  Bien je vois…cela vous a-t-il dérangé ?

Dounia : Non, non pas le moins du monde. Au contraire j’aime beaucoup les enfants. 

La psy :  Très bien alors surement que vous avez choisit un endroit prisé pour toutes les activités proposées pour les enfants.

Dounia :  Oui peut-être.

La psy :  Sinon de manière générale tout s’est bien passé ?

Silence

La psy :  Bien, s’est-il passé quelque chose de particulier?

Dounia : Non rien de vraiment particulier…

La psy :  …

Dounia : Ah si ! Je crois que je suis tombé malade.

La psy :   Ah bon qu’avez-vous eu ?

Dounia :    Le mal de « mère ». J’ai mal au ventre. Beaucoup se plaignent de maux de ventre parce qu’ils sont remplis. Moi, le mien me fait mal parce qu’il est vide. Vide de sens. Apres tout ce n’est pas comme si je ne le savais pas, elle me la dit il y a des années.

La psy : Qui, vous a dit quoi ?

Dounia : La sage femme, que je n’aurai surement pas d’enfants. Mais j’avais bien trop mal au ventre, pour avoir mal au cœur à ce moment là.

La psy :  Ah oui ces médecins à la science infuse qui ne cherchent même pas à comprendre votre présent mais qui lisent votre avenir comme une voyante dans sa boule magique…

Un statut pas comme les autres

J’étais jeune, je ne sais même pas si j’ai vraiment réalisé ce qu’elle ma dit puis de toute façon à ce moment là je ne voulais pas d’enfant, j’en étais encore une ! Peut-être que j’aurai du m’attarder un peu plus sur cette parole, peu être pas… toujours est-il que jusqu’à preuve du contraire je n’en ai toujours pas, que les années passent, que je suis tata, épouse, belle fille, que j’exerce le métier de mes rêves ! Mais que je n’ai toujours pas ce statut auquel j’aspire tellement…Maman.

 Alors oui j’ai de quelques petit soucis de santé c’est vrai. Mais pleins de femmes tombent enceinte malgré ce diagnostic. Pourquoi on ne me parle pas de fertilité compliquée plutôt que d’Infertilité. Il est moche ce mot, il est horrible il donne cette sensation d’être Insoluble, du coup je me sens tellement Incomprise, j’aimerai me dire qu’ils sont Incompétents ! Mais porter cette douleur à vie me parait Inconcevable. Je n’arrive même plus à écouter les maux des autres qui me paraissent Incomparable. J’ai beau me changer les idées je reste Inconsolable.

J’attends mon train

La psy :             Quant est-il de vos proches ?

Ils sont indifférents, parle de leur enfants devant moi et les vente constamment. Puis, parfois ils se muent dans un silence et me cache tous ces heureux événements comme ci j’avais une maladie contagieuse qui risquerait d’entraver leur grossesse ou leur projet d’enfants…

 En réalité je crois que rien ne me convient et que quelques soit leur réaction… elle me blesse profondément. Oui, ce n’est pas eux le problème, c’est moi qui peine à accepter la situation et plus les années passent et plus mon cœur s’endurcit. Je ne vois que par ça, tout le reste est flou et passe sur le second plan. Tout l’or du monde ne comblerait pas ce vide, ce manque. Je me laisse aller, ma réflexion, mes gestes, mon quotidien tout est mécanique. Le temps passe et je reste assise à la gare, regardant tous ces voyageurs défiler et prendre le train en route pour débuter une nouvelle vie. Je me demande quand ? Quand mon train à moi finira par passer…

La psy :             Et si votre train ne passait jamais Dounia, avez-vous déjà évoqué, pensé à cette éventualité ?

S’il ne passait jamais…à vrai dire non pas vraiment, j’avais toujours espoir que mon tour arrive. Mais vous avez raison peut-être qu’il faudrait que j’envisage toutes les éventualités et que je me prépare au meilleure comme au pire. Ou bien peut-être que le pire, serait  en réalité ce qu’il y a de meilleur, je ne sais pas, je ne sais plus.

Le réel but

La psy :   Quand vous acheter une cafetière, vous vous attendez bien évidement à ce qu’elle vous serve un bon café ?Bien, parfois des cafetières peuvent en plus faire couler un jolie nuage de mousse sur ce café n’est ce pas ? Mais sa fonction première, la raison pour laquelle on a construit cette machine c’est avant tout pour faire du café le reste ce n’est que du surplus. Vous n’allez pas acheter une machine a café juste pour faire de la mousse cela n’aurait pas de sens !

Dounia :  Oui, bien sûr.

Psy :   Eh bien, l’homme c’est la même chose Allah 3azawejel la créer pour l’adorer, l’adorer en premier lieu tout le reste c’est purement secondaire comme ce nuage de mousse !

Allah n’est point injuste Il nous a doter de toutes les facultés nécessaire pour l’adorer et à ce là, nous sommes tous égaux. Vous imaginez si notre religion estimait que la femme qui n’enfante pas était déficiente par rapport à une autre pour pratiquer sa religion et l’adorer pleinement ?

Bien au contraire Allah nous met en garde contre cette course à la richesse dans l’accumulation des biens et des enfants qui nous distrait de notre rôle premier qui n’est autre que de L’ADORER.

La suffisance

C’est vrai…

Je suis tellement accès sur mes besoins que j’en oublie mes devoirs. Pourtant j’ai tout pour être heureuse un mari formidable, une famille tellement présente, la maison dont j’ai toujours rêvé. J’en ai oublié tous les bienfaits dont Il ma comblée me focalisant seulement sur ce qu’il me manquait…

Peut-être qu’en repoussant la réponse à mes invocation Allah attend quelque chose de moi ? Peut-être faudrait-il que je me reforme, que je fasse plus de chose pour Lui. Subhan’Allah à quand remonte la dernière fois ou j’ai ouvert un livre, depuis combien d’année je m’en veux de ne toujours pas pouvoir lire le Coran en arabe, en réalité ce n’est pas Lui mais moi qui me prive des plus grands bienfaits.

Combien de pêchés j’ai minimisé, parfois certains pour lesquels je ne me suis même pas réellement repentie. Mon Dieu, ce que je m’en veux.

 Je me suis laissé couler en pensant que la seule chose qui me ferait sortir la tête de l’eau se serait de pouvoir un jour porter la vie.